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Quand je ne la ferme pas, je l'ouvre.
6 mars 2005

Ceci n'est pas un film sur Tonton

(Et ce titre n'est pas inspiré de Magritte...)

Hé bien voilà, je suis allé le voir, et franchement, je vois pas pourquoi on en a fait tout un foin médiatique (ça devait être les moissons...).

"Le promeneur du champ de mars", donc, n'est pas un film sur Mitterand. Parce que, d'abord, on ne l'appelle jamais ni par son nom, ni par son prénom, dans le film. Les seuls réglements de comptes qu'il fait concernent les "Rocardiens, les Jospiniens" qui veulent le renier, et son désintérêt pour la campagne socialiste de 1995.

Pas de grandes révélations sur quoi que ce soit. Quelques gags qui donnent bien une idée de l'humour du bonhomme (quand il décrit sa maladie à ses amis, en cassant des crevettes pour faire le bruit des os qui se détériorent, ou quand il joue au con avec ses gardes du corps).

 

Mais surtout, deux choses.

D'abord, une, purement sdénaristique. J'adore le rapport qui s'instaure entre Antoine, le jeune journaliste proverbialement idéaliste (et un peu con, il faut bien le dire) et le "Président". Une idée géniale des scénaristes est d'avoir fait Antoine completement paumé, largué par sa compagne, et en passe de retrouver de l'amour. Du coup, lorsque le président le laisse languir avant un nouveau rendez-vous, il se retrouve dans la situation de l'amoureux transi en train d'attendre que le téléphone sonne. Même chose quand il soupçonne le président de l'avoir mis sous écoute, il part téléphoner à sa petite amie chez les voisins, comme s'il voulait cacher cette relation à l'Autre...

Ensuite, ce que j'ai adoré dans le message du film : un passage le montre très bien.

Mitterand, énervé par les questions du journaliste sur ses rapports avec Vichy, répond à côté. Il parle d'un groupe juif qui veut que la France demande pardon à genoux, comme Willy Brandt, "mais ce n'était pas la France !".

C'est un homme qui est devenu son propre pays, avec ses mémoires refoulées, refusées, ses contradictions, ses périodes sombres qu'il refuse de reconnaître et d'affronter. Une autre scène, le président montre une photo prise en 42, où il est dans le maquis, en compagnie d'autres résistants. Un autre personnage dit plus tard au journaliste que cette photo n'a pas été prise en 42, mais en 43. Mais Mitterand insiste sans rage, tant il est convaincu par sa propre mémoire. Mémoire altérée par l'âge et, peut être, la peur de ne pas être en paix avec soi-même avant la fin.

 

Pour conclure, je ne pense pas que ce soit un film sur Mitterand, mais plutôt sur la fin de vie d'un homme qui se sait déjà personnage historique.

Et c'est très bien.

Surtout Michel Bouquet.

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